La télévision, média puissant, est devenue au fil du temps, le partenaire privilégié du football moderne. C’est elle qui permet aux compétitions de vivre, en leur assurant la visibilité aux quatre coins du monde. Cette visibilité qui intéresse les sponsors, qui regardent les matches en audience utile, part de marché et tout le reste.
Mais la télévision peut également être un formidable accélérateur de la carrière d’un joueur. Qui a oublié le match de Eric Djemba, qui était alors un illustre inconnu, contre la Lazio Rome en Ligue des Champions ? Aujourd’hui, elle nous révèle Jean II MAKOUN, sociétaire du LOSC, le club phare de la ville de Lille. En deux matches, il a étalé aux yeux du public son abattage, son sens tactique et son abnégation, mettant sous l’éteignoir les Diarra, Essien ou Pauleta qu’on attendait d’avantage. En deux matches, il est devenu un candidat naturel à une place en équipe nationale. Car, le hasard de la programmation lui a permis d’être diffusé en direct deux fois. Ces deux performances, quelles que fussent leur qualité, n’auraient pas eu le même écho sans l’apport de la télévision.
La télévision peut également prendre le football en otage, comme c’est actuellement le cas au Cameroun où les matches de Canon de Yaoundé en Ligue des Champions n’ont pas encore trouvé une chaîne pour les retransmettre. Une dérogation, et le Canon pouvait s’aligner dimanche à Tunis. Mais, le mal est installé, le partenaire naturel du football n’est pas intéressé au Cameroun. Ce pays, qui revendique sa particularité (« le Cameroun, c’est le Cameroun ») n’est plus à un illogisme près. Bien que n’ayant aucun stade homologué pour une compétition internationale, et en dépit de structures archaïques des clubs, ceux-ci ne sont pas toujours ridicules. Ainsi, l’Espérance de Tunis, grand favori de cette compétition, n’a pu battre l’équipe camerounaise que d’un but. Dommage que nous ne puissions pas voir les images de ce match, la CAF n’ayant pas pensé aux africains de l’étranger.
La télévision nous fait également vivre des émotions par procuration. Durant deux heures, on frappe dans le même ballon, on prend les mêmes coups, on manifeste la même joie que nos héros. Qu’ils soient à quelques mètres de nous ou à des milliers de kilomètres. La télévision nous rapproche, elle nous permet de communier. Elle nous permet également d’oublier que nos Lions Indomptables, que nous suivons quel que soit l’endroit où nous nous trouvons, distillent surtout leur talent hors de nos frontières. Vainqueurs de la CAN 2002 au Mali, finalistes de la Coupe des Confédérations en France, éliminés au premier tour de la Coupe du Monde 2002 au Japon, finalistes du tournoi de Tunis…Il est impossible, sans un effort de mémoire de se rappeler le dernier match de nos Lions devant « leur » public (ndlr : victoire 2-0 contre le Togo le 01/07/2001 en éliminatoires de la Coupe du Monde asiatique). Il faut dire, que vainqueur de la CAN malienne, ils étaient dispensés des phases éliminatoires à celle tunisienne. Mais voila, n’y avait-il pas un match amical, une compétition de second ordre à organiser ? Pour récompenser ces supporters, qui trouvent dans le football, une échappatoire à leurs conditions d’existence difficiles. Pour donner le change, alors que la majorité des internationaux joue à l’étranger.
Mais dans un pays où tout est différent, où l’évolution des choses essentielles passe par une obligation extérieure, qui aurait pu y penser ? Pourquoi ? Quel aurait été son intérêt ? Et dans quelles conditions ? Toutes ces questions n’ayant pas de réponses, on peut penser que nous sommes obligés d’assister au statut quo et attendre que la FIFA, la CAF ou tout autre organisme international oblige le Cameroun à se doter d’infrastructures dignes de son palmarès et à livrer quelques rencontres à domicile. Une bonne nouvelle tout de même : en raison de la juxtaposition des éliminatoires de la CAN et la Coupe du Monde 2006, les Lions Indomptables seront dans l’obligation de livrer cinq (5) matches dans leurs installations…Si elles sont homologuées d’ici là.
En attendant, nous continuerons de regarder les championnats du Monde, scrutant de compatriotes, espérant que les Djemba, Geremi, Lauren, Olembé et autres s’illustreront en Ligue des Champions. Pour que nous puissions bomber le torse, fiers d’être camerounais. Fiers de pouvoir dire durant les soirées TV, « celui-là, il est de chez moi »
Hervé Kouamouo
Camfoot.com