C’est moins le titre honorifique de champion de la phase aller remporté par le Canon sportif de Yaoundé, que les crises vécues à l’intérieur de nombreux clubs de l’élite, allant de simples querelles entre dirigeants jusqu’au boycott de séances d’entraînements par des joueurs revendiquant de nombreux mois de salaires impayés, en passant par le limogeage d’entraîneurs, qui auront marqué les quinze premières journées du quarante-quatrième championnat national de football d’élite.
Conséquence, des équipes considérées aussi bien comme favorites et comme pilotes de la D1 sont restées à la traîne, parce qu’englouties dans des vagues de turbulence infinies.
Le cas du Tonnerre Kalara club de Yaoundé est assez illustratif. finalistes l’an dernier de la Coupe de la Confédération africaine de football (Caf), les poulains du Suisse Raoul Savoy sont restés au plus bas de leur forme. Avant derniers au classement général avec treize points seulement, les » Noir et blanc » de Mvog-Ada accusent encore, certes le coup des départs en série de leurs ténors de la saison passée (Francis Doé, Robert Sessay, Jean René Eyoum, Gaston Bindzi…), mais il n’en demeure pas moins vrai que leur descente aux enfers est surtout liée à la guerre des clans opposant le groupe Tonnerre Saos, dirigé par Antoine Essomba Eyenga, au nouveau bureau directeur de Emile Onambelé Zibi, qui se réclame héritier légitime de ce club crée en 1934 par feu Martin Omgba Zing. Dans ce flou généralisé, les coéquipiers de Tignyemb, sont devenus le canard boiteux du championnat (10 buts marqués contre 18 encaissés). Avec de telles dissensions internes, quoi de plus normal qu’ils n’aient pu remporter que deux rencontres !
Chez les Bleus
Chez les » bleu « , Pwd de Bamenda a réalisé la meilleure performance en restant leader du championnat durant la moitié de la phase aller. Les Abakwa Boys (classés actuellement cinquième avec 24 points) n’ont lâché prise qu’à la suite de la suspension par leurs dirigeants, pour plusieurs matches, de leurs ténors accusés d’indiscipline caractérisée. Par contre, la lanterne rouge, Caïman de Douala, a évolué en eau trouble depuis le limogeage en début de saison, de son ex président Mboulé Njoh, par le chef Supérieur du canton Akwa, Sa Majesté Din Dicka et la mise en place d’un directoire composé du patriarche Eyoum Milla et Adalbert Mangamba. Une crise de a aussi éclaté au sein de Renaissance de Ngoumou. Heureusement, les joueurs du président Jean Baptiste Nguini Effa ont finalement joué et gagné leur duel de la quinzième journée contre Unisport de Bafang, après avoir menacé de boycotter le championnat, au cas où ils n’entraient pas en possession des trois mois d’arriérés de salaire, ainsi que de nombreuses primes de matches qu’ils réclamaient à leurs dirigeants.
A côté de tous ces mouvements d’humeur, les » Africains » sont restés relativement sereins. Le représentant camerounais en Coupe des Coupes, Mont Cameroun, s’est séparé de son coordonnateur sportif Ngweha Ikouam, certes, mais en douce. L’équipe du président Calvin Foading a connu une entame de championnat difficile, avant de se rattraper par la suite. En décollant des bas-fonds du classement pour se retrouver à la huitième place, le club du Fako a réalisé ainsi l’une des meilleures progressions. Un peu à l’image du Canon de Yaoundé. En effet, après des débuts catastrophiques (trois défaites d’affilée lors des trois premières journées), le représentant camerounais à la Ligue des Champions s’est complètement métamorphosé, au point de devenir actuellement l’épouvantail de la D1. Champions honorifiques de la phase aller avec trente points, les coéquipiers du capitaine Bessala ont ravi la palme d’or en tout : plus grand nombre de matches gagnés (09), meilleure attaque (24 buts inscrits) et meilleure défense (10 buts encaissés). De quoi maintenir un écart respectable de cinq points avec le représentant à la Coupe de la Caf, Cotonsport de Garoua, troisième au classement général du championnat où Etélé (Bamboutos de Mbouda) et Oumar (Canon) arrivent en tête des buteurs avec respectivement 11 et 08 réalisations.
Jean Robert Fouda