L’équipe nationale de football demeure dans une zone d’incertitudes. Le moins qu’on puisse écrire, c’est que les Lions indomptables ne sont pas encore sortis du cauchemar de la coupe du monde Corée/Japon 2002. Et ceci, malgré deux regroupements, en septembre en Allemagne et en octobre au Cameroun. Le premier fut baptisé » stage de rentrée » et le deuxième » stage de relance « . Jusque là, les faits montrent à l’envi qu’il n’y a eu ni l’un ni l’autre, ni rentrée ni relance.
On ne reviendra pas sur le stage de septembre dernier à Bitburg en Allemagne, boudé par les cadors de l’équipe et qui s’était soldé par des défaites contre des clubs amateurs. En revanche, il est impérieux de s’appesantir sur le » stage de relance « , programmé du 12 au 16 octobre 2002 à Yaoundé. S’il y a eu une plus grande participation, avec notamment la présence de Samuel Eto’o Fils, Salomon Olembé, Marc Vivien Foé et Joël Epalle, le résultat sportif de ce deuxième regroupement est quasiment nul. Une seule séance d’entraînement complète, et aucun match test pour évaluer le travail accompli. On est tenté de se demander à quoi aura servi finalement ce stage…
Du côté des organisateurs, à savoir le ministère de la Jeunesse et des Sports, évidemment le stage a été un grand succès. Le ministre Bidoung Mkpatt, qui a reçu les Lions indomptables, avait déclaré d’entrée que le présent regroupement est celui du » ressourcement « . Sous-entendu qu’i s’agissait simplement de ramener les Lions indomptables au bercail. Vu sous cet angle, le coup est en effet très réussi. La presse a filmé ces champions d’Afrique au bercail. Les besoins de la parade ont été royalement satisfaits, puisque, après la séance publique, le Minjes a eu un entretien à huis clos avec les joueurs et leurs encadreurs. La question demeure donc : peut-on convoquer des internationaux en stage uniquement pour leur tenir un discours démagogique entre quatre murs ? De manière concrète, rien ne s’est passé sur le terrain. On a encore noté de grosses absences. Le Bastiais Nicolas Alnoudji, dit-on du côté de l’encadrement, n’est pas venu à cause d’un problème de visa. On aimerait bien connaître quel problème de visa un citoyen camerounais peut avoir pour entrer dans son pays. Patrick Mboma n’a pas pu être joint à sa nouvelle adresse. Itanje et Kalla sont blessés. Ngom Kome et Patrick Suffo sont arrivés lundi seulement, parce qu’ils disputaient un match avec leur club de D2 espagnole le dimanche. La seule absence injustifiée est celle de Pierre Njanka Béaka.
Immobilisme L’adjoint du sélectionneur national Joseph Marius Omog estime que le stage s’est très bien déroulé : » les joueurs étaient très contents parce qu’ils attendaient ces retrouvailles depuis longtemps. Beaucoup de choses se sont dites depuis la coupe du monde, et chacun voulait avoir le cœur net « . Le stage de cette semaine entrait dans le cadre de la préparation de la coupe des confédérations 2003 et de la coupe d’Afrique des nations 2004. Malgré les assurances des officiels, il est clair qu’il a été un nouveau fiasco. Plusieurs ténors de l’équipe, dont Pius N’diefi, Bil Tchato et le capitaine Rigobert Song Bahanag, sont rentrés avant son terme. » Leurs clubs les ont réclamé pour des échéances importantes et urgentes « , explique Robert Ndjana, le chef de la cellule administrative provisoire des équipes nationales. Les calendriers européens sont arrêtés en début de saison, ce qui veut dire que ces échéances étaient donc connues à l’avance pour que des joueurs soient enlevés en stage de sélection comme ça ; confirmation du ratage du » stage de relance « . D’autant que, jusqu’à hier matin, les problèmes d’intendance continuaient à se poser.
En effet, les joueuses de l’équipe nationale féminine qui se sont qualifiées depuis samedi pour la Can de leur catégorie n’avaient pas encore reçu leurs primes et règlements de transport retour pour celles quoi venaient de l’étranger (Nigeria, Afrique du sud, France). De même, les Lions indomptables n’étaient pas encore entrés en possession de leurs frais de participation au » stage de relance « . Le blocage viendrait du ministère des Finances, grand argentier des dépenses publiques au Cameroun, mais qui ne se préoccupe jamais des questions de délais. Toujours est-il que tout cela donne la fâcheuse impression qu’en dépit des beaux discours et des mises en scène télévisées, rien ne change dans le fonctionnement de nos équipes nationales.