OSAKA (Japon), 22 juin – Le Sénégal, après un parcours de rêve, a été éliminé du Mondial de football par la Turquie en quarts de finale samedi (0-1 but en or), au terme d’un match où ses joueurs ont sans doute payé la débauche d’énergie consentie jusque-là.
Mais la sélection de Bruno Metsu quitte sa première Coupe du monde avec le sourire et le sentiment du devoir plus qu’accompli, après une qualification historique en quarts et une victoire (1-0) face à la France championne en titre lors du match d’ouverture.
En deuxième période face aux Turcs, qui n’étaient pourtant pas non plus au meilleur de leur forme après une entame rythmée, les Sénégalais ont souvent paru « cuits ». D’autant que les hommes de Senol Gunes auraient pu s’imposer sans attendre la prolongation s’ils avaient été plus efficaces devant le but.
Cette fatigue, qui a poussé les Sénégalais à se replier exagérément dans leur moitié de terrain, s’explique par trois semaines exténuantes, avec notamment une victoire en prolongation et au but en or (2-1) face à la Suède en huitièmes de finale.
« Peut-être que notre physique a un peu baissé », a reconnu Metsu, qui s’était inquiété de l’état de forme des siens quelques jours auparavant, pour la première fois de la compétition.
« On était fatigués », a également avoué l’attaquant vedette El Hadji Diouf, ajoutant que ce n’était pourtant pas pour ça que le Sénégal avait perdu.
Le défenseur Omar Daf, lui, a préféré souligner les « regrets » que lui laisse l’élimination au but en or. « On perd dans les prolongations, c’est rageant, a-t-il déclaré. Je ressens ce qu’ont ressenti les Suédois. »
Sourire
Quoi qu’ils pensent de leur forme physique, les Lions de la Teranga sont unanimes sur un autre point: ils n’ont rien à se reprocher dans cette campagne mondiale.
« On ne peut pas dire que l’on ait des regrets, on a beaucoup donné pendant trois semaines », a ainsi déclaré le capitaine Aliou Cissé.
Metsu, lui, insiste sur la caractéristique majeure de cette compétition, la première à être organisée en Asie: la globalisation du football mondial.
« Un petit pays africain a été capable de perturber la hiérarchie mondiale, avec peu de moyens », a ainsi déclaré le Français, peu connu auparavant mais qui a vécu une année faste, avec également une finale de Coupe d’Afrique des nations perdue cet hiver face au Cameroun aux tirs au but.
L’observation vaut également pour la Turquie, qui n’avait jusqu’alors participé qu’au premier tour du Mondial-54 et va disputer une demi-finale de Mondial inespérée face au Brésil mercredi, grâce à un groupe solide, à l’image du remuant milieu offensif Basturk.
Au passage, ce Mondial et ce quart de finale représentent un passage de témoin pour l’attaque turque, avec le « Taureau du Bosphore » Hakan Sukur, 30 ans, aux cornes émoussées, qui n’a pas encore marqué un seul but et a été remplacé face au Sénégal par le joker Ilhan Mansiz, auteur du but en or.
« Je n’avais pas de pression en rentrant à la place de Hakan Sukur, une légende du football turc », a déclaré Ilhan.
Hakan Sukur (Parme/Ita) est certes une légende, mais, contrairement à d’autres temps où il était le moteur du football national, ce n’est cette fois pas lui qui a le plus contribué à écrire l’épopée turque dans ce Mondial.