L’ancien gardien de but des «Lions indomptables» du Cameroun fait partie des Africains qui se sont le plus impliqués dans la bataille pour la présidence de la Fifa, entre son compatriote Issa Hayatou et le Suisse Sepp Blatter, pour lequel il a roulé à fond. Il donne sa lecture du vote.
«Certains ont confondu les genres dans cette élection. Il faut que les Noirs continuent à donner raison à Léopold Sédar Senghor qui disait que l’émotion est nègre et la raison hellène. Donc, il faudrait qu’on arrête de réfléchir avec notre coeur.
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«(…) Dans cette élection, il s’agissait d’un Africain candidat et non d’une candidature africaine. Et s’il s’agissait d’une candidature africaine, la Caf aurait, lors de son assemblée générale de Bamako, déclaré la candidature de son président. C’est donc une candidature purement individuelle à laquelle se sont ralliées des individualités.
«(…) Nous sommes des gens brillants. Démontrons-le. Donc, quand il y a un sujet qui se pose, il faudrait que l’on ait notre opinion sur la base des idées et non sur des notions de la couleur de la peau.
«(…) La défaite de Hayatou est une déroute. C’était une candidature opportuniste parce qu’il y avait les mêmes qui étaient derrière cette candidature qui faisaient des accusations qu’ils n’ont jamais pu démontrer. La preuve, on ne peut pas dire que le congrès est composé de gens qui n’ont rien compris.
«(…) Les réserves que j’opposais à cette candidature (celle de Hayatou) me paraissent rationnelles et d’ordre pratique. Vous prenez une société qui ne marche pas bien. On la déclare malade. Pour que le directeur ou le chef d’un des départements qui la composent en devienne le patron, il faudrait que son département marche mieux que le reste de la compagnie. Peut-on entendre, au niveau mondial, ce qui se passe au niveau africain ? Sommes-nous contents de la manière dont marche le football en Afrique ? Ma réponse est non.
«Sans vouloir accuser quiconque, je constate que les stades en Afrique sont vides, les championnats ne représentent rien du tout, les coupes africaines sont en galère. Et tous ceux qui voulaient me faire dire de voter pour le candidat africain n’ont jamais fait de déplacement en temps normal pour venir voir un match en Afrique. Ils ne le font pas. Ne soyons pas trompés par la Coupe d’Afrique des nations (Can) qui est une sous-vitrine du footballeur européen. Les journalistes qui se pressent à la Can viennent voir les joueurs qu’ils, dans les championnats européens. Nous avons besoin de nous pencher sur notre véritable football, celui qui se joue tous les dimanches dans nos stades.
«(…) Quand j’entends parler de démocratie ici, je me demande s’il y a autant de démocratie dans un congrès de la Caf, là où les gens ont peur d’exprimer leurs sentiments.
(…) Hayatou est d’autant fragilisé par cette déroute que c’est la deuxième fois qu’il prend une initiative africaine et que cela ne marche pas. Rappelez-vous, il y a quatre ans, il avait dit que l’Afrique soutenait Johansson. Cela n’avait pas été le cas. Cette fois, c’est lui-même qui est battu. Il faut qu’il en tire les conséquences. Compte tenu de ce qui s’est passé, il y aura en Afrique des gens pour dire que nous avons été conduits deux fois à l’échec, il faut changer de tête. Quelle sera son attitude ? En tout cas, il y a des gens qui savent rebondir dans la défaite ou en tirer les conséquences».