Révoqué de son poste de président d’honneur de la Fédération camerounaise, Roger Milla ne décolère pas. Dans un entretien exclusif accordé à Footafrica365.fr, le buteur vedette enfonce le clou et menace de tout balancer. Interview vérité.
Roger, comment réagissez-vous à la décision de la Fédération camerounaise de football de vous révoquer du poste de président d’honneur ?
Je ne suis pas un employé de la Fécafoot pour être sanctionné. Les gens doivent un peu réfléchir. Je ne suis ni membre du comité exécutif, ni de l’assemblée générale de cette Fédération. Je ne comprends pas comment une société peut sanctionner quelqu’un qui ne travaille pas chez elle ! Moi, je ne me sens pas du tout concerné parce que je n’ai jamais postulé pour être président d’honneur. Ils ont couru derrière moi pour que j’accepte ce poste-là. Je l’ai accepté parce que je pensais vraiment pouvoir apporter un nouveau souffle pour notre football. Mais, malheureusement, on ne m’a pas permis de le faire. Je suis désolé et je ne voudrais pas que les Camerounais en fassent un drame.
Vous êtes révoqué et vous semblez le minimiser !
C’est pas une révocation parce que il n’y a que le chef de l’Etat qui peut me radier du football au Cameroun. Même le ministre des Sports et de l’éducation physique ne le peut pas. Donc, il n’y a que le chef de l’Etat pour le faire. Vraiment pour moi, c’est une polémique inutile.
On vous a entendu décrier, depuis près de deux ans, la gestion de la Fécafoot. Pourquoi n’avoir pas démissionné avant la décision qui vous révoque ?
Pourquoi voudriez-vous que je démissionne ? Je vous ai dit que je n’ai jamais postulé pour être président d’honneur de la Fédération camerounaise de football. Ils sont venus eux-mêmes me chercher. Il leur revenait donc, de décider de se séparer de moi, ce n’était pas à moi d’anticiper sur quoi que ce soit.
Est-ce avec cette mise à l’écart votre combat contre les dirigeants actuels de la Fécafoot va continuer ?
Plus virulent que par le passé ! Parce que là, ils m’ont totalement libéré. Je ne suis plus tenu par le devoir de réserve. C’est un ouf de soulagement, maintenant je peux m’exprimer comme je l’entends. Avant, je me retenais parce que j’étais président d’honneur. Maintenant, je peux déclarer tout ce que je veux. Je vais sortir et déballer toutes les bêtises qu’ils font là-bas.
Quelles sont ces bêtises ? Quelques cas ?
Il y a par exemple le réseau de falsification de certificats des transferts des joueurs qui ont conduit beaucoup de joueurs dans des prisons au Yémen et ailleurs. Il y a aussi l’importante somme d’argent que la Fifa verse pour la promotion du football jeune qui est détournée.
Qu’avez-vous fait pour combattre de l’intérieur ces malversations et pour l’améliorer de la situation du football au Cameroun ?
C’est ce que je fais depuis longtemps. Ça fait plus d’un an que je dis au président Iya Mohammed (président de la Fécafoot, ndlr) de faire attention, parce que nous sommes en train de nous enfoncer. Je lui ai toujours dit qu’on essaie de changer les choses. Peut-être qu’il ne change pas parce qu’il veut protéger tous ceux qui sont autour de lui et qui sont auteurs des malversations. Et comme il refuse de m’écouter, je refuse de continuer avec cette équipe de dirigeants. Chaque fois que je vais à la présidence de la république, je suis aussi interpellé par le chef de l’Etat sur la situation désastreuse de notre football (Milla est ambassadeur itinérant, ndlr). Voilà pourquoi j’ai pris les devants pour décrier ce qui se passe dans la gestion de la Fécafoot…
Propos recueillis par Paul Nana, à Douala