Le buteur des Lions indomptables est plutôt optimiste quant à son retour en sélection nationale. Il explique sans parcimonie sa façon de penser, ce que represente l’équipe nationale pour lui, sa motivation, son envie de gagner, sans faux-fuyant. Lisons plutôt.
Vous avez « renoncé à l’appel de Schäfer » en juin dernier. Aujourd’hui, vous souhaitez réintégrer la sélection nationale à l’occasion de la prochaine Coupe d’Afrique des nations qui aura lieu en Tunisie 2004…
Je n’ai jamais eu une autre idée. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il y a peut être eu un malentendu au départ. Mais, je n’ai jamais dit que je quittais la sélection nationale. J’avais émis un bémol quant à ma participation à la Coupe des Confédérations parce que je ne me sentais pas moralement à point. Donc, j’y ai renoncé. C’est logique que je désire aujourd’hui rejouer avec les Lions indomptables.
Vous reprochiez entre autres choses à l’encadrement des Lions indomptables, la mauvaise préparation récurrente des compétitions. Aujourd’hui que vous voulez revenir, pensez-vous que les choses aient changé?
Je ne pense pas qu’on va devenir professionnel d’une seconde à l’autre ! Donc, que les choses aient changé radicalement, je ne pense pas. Mais, j’espère au moins que les mentalités ont changé et que l’envie de changer existe vraiment.
Vous n’avez donc pas la garantie que les choses ont réellement changé ?
Je n’ai jamais dit que je voulais des garanties. J’espère simplement que, entre juin et maintenant, nos mentalités ont évolué. Je n’ai jamais mis de conditions à ma participation de nouveau à une compétition ou à un match avec les Lions. Je crois qu’il y a eu un malentendu. Je pense que là où je pourrais le plus aider les Lions indomptables, c’est sur le terrain. En juin dernier, je n’étais pas dans les bonnes dispositions pour le faire. Donc, je n’ai pas voulu le faire. J’en ai profité pour donner cette conférence de presse au cours de laquelle j’ai expliqué effectivement ce manque d’organisation qui était récurrent.
Dans toutes les interviews que vous accordez ces derniers temps aux médias, vous parlez « d’aider les Lions « . Qu’est-ce que vous entendez par cette expression ?
Je ne sais pas ce qui peut se cacher derrière. » Aider les Lions indomptables » pour moi c’est leur donner un coup de main sur le terrain. Je crois que j’ai quand même beaucoup d’expérience, et que j’ai encore ma forme pour servir au mieux les intérêts de l’équipe nationale. C’est tout ce je veux dire quand je parle d’aider les Lions.
Quand on vient » aider « , en fait on vient corriger une défaillance. Si tel est le cas, quelle serait cette lacune ?
Défaillance est un bien grand mot. À la Coupe des Confédérations, les Lions ont quand même joué la finale. On ne peut donc pas parler de défaillance. Mais je crois toujours être un joueur qui peut apporter un plus aux Lions indomptables comme je l’ai fait pendant des années. Les choses vont bien, mais je crois qu’elles pourraient encore aller mieux, avec moi, je l’espère. Je ne suis pas en train de dire que ça ne va pas bien parce que je ne suis pas là. La preuve, je n’étais pas à la dernière Coupe des Confédérations, pourtant mes coéquipiers ont disputé la finale, même si elle s’est mal terminée (on connaît les circonstances). Ce qui signifie qu’il y a toujours de la qualité chez les Lions, avec ou sans moi. Mais je crois qu’avec moi, il n’y aura pas moins de qualité. Et je me fais plaisir à être sur le terrain plutôt que d’être derrière mon écran de télévision. Donc, je préfère participer aux bonnes choses que les Lions auront à donner plutôt que de regarder ça à la télé ou d’une tribune.
Mboma est très présent depuis quelque temps dans les médias. Il y a même des pétitions réclamant votre réintégration au sein des Lions indomptables qui circulent sur internet. Certains vous soupçonnent d’être derrière ce coup médiatique…
(Amusé). Je ne peux rien faire contre tout cela ! Si je ne réponds pas aux journalistes, on va me dire que je ne suis pas convaincant puisqu’il faudrait bien que je m’en défende. Franchement, je ne voudrais pas perdre le temps à me défendre deux fois. Je ne suis pas du genre à aller chercher les médias. Tout comme je ne pense pas vous avoir contactée pour répondre à votre interview. Vous êtes venue spontanément à moi. Il y en a beaucoup d’autres comme cela. J’ai mes arguments qui sont sportifs. Si on veut que je m’exprime sur le terrain, je le ferai volontiers. Répondre à la presse fais partie de mon métier. Il n’est pas dans mes stratégies ni dans le cadre de ma carrière que de me servir de la presse ou de quelque chose d’autre. Si je dois être appelé en équipe nationale, cela doit de faire compte tenu de mes compétences et non de mes paroles.
Quel est l’état de vos rapports avec le sélectionneur des Lions indomptables ?
Ils sont normaux, avec la seule différence que nous n’avons pas eu beaucoup de rapports ces derniers temps car, il n’a pas eu à m’appeler. Récemment [mercredi 22 octobre 2003], il m’a contacté par téléphone. Je ne suis pas le capitaine de l’équipe. Donc, c’est normal que je n’ai pas de rapports téléphoniques réguliers avec lui. Toutefois, ceci sans vouloir faire de la démagogie, je pense qu’il a réellement de l’estime pour moi. Ce qui est d’ailleurs réciproque.
Vous pensez que s’il ne vous convoque pas, c’est parce qu’il agirait sous influence ?
Je ne fais pas de la spéculation. Si j’avais envie de savoir cela, qu’il se souci pour moi, j’aurais été au courant. Mais je ne mesure pas la chose sous cet angle là. Même si dans mon entourage, c’est ce qu’on a voulu me faire croire. Il m’est difficile de répondre à cette question… Et puis, l’entraîneur n’est pas responsable de moi. Ce n’est pas une relation de père à fils. Je suis simplement un joueur. Et il en a beaucoup comme cela. S’il veut se passer de mes services, libre à lui. J’aurais préféré dans ce cas là avoir une explication avec lui. Je ne pense cependant pas que ce soit le cas. Puisque c’est moi qui, dans un premier temps, l’ai appelé pour lui dire que je ne voulais pas participer à la Coupe des Confédérations. Peut-être que pour ce coup ci, ç’aurait été à moi de l’appeler. Mais, je pense quand même que je m’étais expliqué avec lui. Et je lui avais bien dit que ma vacance ne tenait que pour la Coupe des Confédérations. Ensuite, je ne pense pas qu’il y ait eu de regroupements majeurs. Le fait que je n’ai pas été appelé entre temps n’a rien de dramatique. Les choses sérieuses commencent [la préparation de la Can, Ndlr]. Et pour l’occasion, l’entraîneur m’a appelé. Donc je retiens tout simplement que je fais partie de ses plans comme il me l’avait affirmé. J’attends que cela se matérialise sans me poser d’autres questions.
Avant vous, il y a eu Etame Mayer qui a décidé de mettre la sélection nationale entre parenthèses, sans s’expliquer de manière claire. Que pensez-vous de sa décision ?
Dans un premier temps, il a le droit de décider comment gérer sa carrière. Mais, par rapport à l’attente légitime qu’ont les Camerounais envers lui, il se doit d’avoir plus d’explication. Je ne suis pas derrière lui, même si je dois avouer que depuis cette décision, je n’ai pas eu le moindre contact avec lui. Je lui aurais quand même conseillé de réellement exprimer le pourquoi. Dommage qu’il ne l’a pas fait. Ce n’est pas normal de se retirer comme cela, sans explication, d’autant plus que tout le monde sait qu’il a encore de quoi apporter aux Lions indomptables (ce qui ne veut pas dire qu’ils ont des lacunes). Beaucoup comptaient sur lui (et peut être compte encore sur lui). Mais j’insiste pour dire que c’est sa décision, je ne me suis pas entretenu avec lui, je ne sais pas ce qui l’a réellement animé. Je ne sais non plus ce qu’il a donné comme explication.
D’après vous, quelles sont les chances du Cameroun à la prochaine Can avec un premier tour, au vu des adversaires (Algérie, Égypte et Zimbabwé), complexe ?
Ce sont plutôt aux sélections de ces pays-là de se préoccuper du Cameroun, tout comme les autres nations participantes à cette Coupe d’Afrique ! Je crois tout de même que le Cameroun a les mêmes chances qu’il avait il y a deux ans. Cela dépendra de l’envie de concrétiser la domination sur le continent. Au niveau de l’effectif, le Cameroun a de quoi prétendre à la première place. Le plus difficile en football, c’est de confirmer. La raison pour laquelle c’est plus difficile c’est qu’il faut réellement y avoir envie, être toujours là, se faire violence, se sacrifier. Et ce serait peut-être là, la chose qui pourrait manquer à cette équipe. Mais je pense que c’est une génération qui est légèrement en train d’évoluer. Il y a des joueurs qui arrivent, d’autres qui partent. Ce qui pourrait créer une certaine émulation. Je reste confiant que le Cameroun peut et doit remporter un troisième titre consécutif.
Propos recueillis au téléphone par Bertille M. Bikoun